BeoogoLAB, a été invité à partager son expertise et son expérience sur les défis et perspectives de la finance digitale et de l’inclusion financière en Afrique lors d’un panel qui s’est tenu dans le cadre de la première édition de Ouaga Digital Show les 20 et 21 juin 2019. Voici la quintessence des échanges.
Finance digitale et inclusion financière ; tels étaient les sujets qui ont nourri les échanges entre les panélistes du jour à savoir : Monsieur Mahamadi ROUAMBA, promoteur de BeoogoLAB, Madame Bintou DIALLO, promotrice de CreaHub et Monsieur Hermann MESSAN, Représentant Pays UNCDF qui en assurait la modération.
Qu’est-ce que la finance digitale?
Parler de finance digitale ou d’inclusion financière revient à évoquer la suppression de toutes les contraintes d’accès et d’accessibilité aux services financiers. Il s’agit à proprement dit pour les organisations, institutions financières et prestataires de services financiers d’offrir via des canaux alternatifs des services financiers à leurs clients. Le client devrait donc pouvoir accéder auxdits services indépendamment du lieu et du moment où il effectue son opération. A l’échelle d’un pays, c’est permettre aux résidents d’accéder aux services financiers quelque soit le lieu où ils se trouvent, leurs niveaux de revenus et la technologie dont ils disposent.
Qu’en est-il de l’inclusion financière?
La question de l’inclusion financière est relative aux thématiques de développement et de justice sociale:
De développement car l’inclusion consiste à impliquer les citoyens qui sont des acteurs du développement dans le processus financier en leur permettant de pouvoir accéder à ces services, qu’ils soient dans l’agriculture, dans la santé, et dans toute autres secteurs..
De justice sociale, car les services financiers ne doivent pas être juste limités aux acteurs ayant le plus grand pouvoir d’achat. Même ceux ayant un faible revenu doivent avoir accès à ces services.
Contribution du digital à l’accélération de l’inclusion financière
Le digital est l’outil qui permet d’amorcer ou d’accélérer l’inclusion financière. Dans le modèle des « dominant design » des services financiers, ces services sont seulement offerts via les agences ou des agents. Toutefois les technologies actuelles permettent d’aller à une autre étape, celle de la fourniture de services sans agents suivant le principe du « Do it yourself ». Dans ce contexte, le client peut accéder à ces services via le téléphone et via d’autres périphériques mais sans besoin de présence d’un agent de la banque ou une agence à proximité : c’est ce que permet la technologie.
Dans l’environnement actuel, on constate l’émergence de prestataires de services financiers qui offrent des services qui rencontrent l’engouement de la population et aussi des institutions bancaires. A contrario des services desdits prestataires ceux des institutions bancaires ne s’étendent pas sur tout le territoire. En guise d’illustration, le mobile money proposé par un certain nombre de prestataires de services financiers donne l’accès à des services de transfert, de dépôt et de retrait disponibles dans toutes les localités du pays.
Ces prestataires de services financiers n’ont la possibilité d’offrir des services d’épargne sur ces comptes et octroyer des crédits que s’ils s’allient à des institutions financières comme les banques et les agences de microfinances qui en ont l’accréditation. En s’associant, ils peuvent créer des services ‘Bank to Wallet » et ‘Wallet to Bank , permettant à un individu de faire un dépôt sur son compte mobile money puis le transférer sur son compte bancaire, courant ou épargne. Aussi, pour un individu dans une localité obtenant un prêt, celui-ci peut rester dans sa localité et retirer l’argent qu’il a obtenu auprès de l’institution financière et le transférer dans un compte mobile money pour pouvoir le retirer avec un agent à proximité. Ce système peut être utilisé pour financer diverses activités génératrices de revenus, que ce soit pour les jeunes ou pour les femmes et dans presque tous les secteurs. In fine, voici le potentiel qu’offre la finance digitale dans le cadre de l’inclusion financière d’un pays pour atteindre des objectifs de développement et des objectifs d’égalité sociale.
Inclusion financière et éducation
“Rien n’arrête le progrès” ; l’inclusion financière et la finance digitale n’échappent pas à cette règle. Dans quelques années, l’accessibilité de la technologie sera telle que cela permettra de générer un environnement ou la finance est vraiment digitale. Mais notons que cette capacité technique n’induit pas que la population sache l’utiliser. Cette évidence suscite la question de l’éducation au numérique. Le constat actuel est que le système éducatif est en déphasage avec l’environnement extérieur sur le plan du numérique.
En l’occurrence l’absence de références au numérique dans les manuels et enseignements scolaires ne permet pas aux élèves d’être outillés pour faire face à l’environnement extérieur qui regorge d’une pléthore de dispositifs électroniques à usages divers.
Somme toute, l’école ne forme pas actuellement des acteurs prêts pour l’environnement extérieur. Le système éducatif doit se conformer. Dans un premier temps, il ne s’agira pas de numériser le contenu éducatif mais d’éduquer sur le numérique, c’est-à-dire expliquer ce que c’est et ce que l’on peut en faire.
C’est l’entame d’actions pour une cohérence entre le système éducatif et l’environnement extérieur. Au niveau national, il est essentiel que le système éducatif intègre l’éducation sur le numérique avant d’atteindre l’éducation avec le numérique. Cela permettrait donc aux élèves, au sortir de l’école , d’être en phase avec les technologies de l’ère actuelle.Dans une évolution logique des choses, une fois que la technologie de la finance digitale sera mise en place, tout citoyen aurait le pouvoir de l’utiliser au mieux de ses capacités et de manière optimale. Tout ceci contribuera à atteindre réellement les objectifs souhaités en matière de développement.